LES GRAINES DU FIGUIER SAUVAGE : NOTRE COUP DE COEUR
Avant dernier film présenté en compétition, « Les graines du figuier sauvage » semble être bien positionné pour décrocher la Palme d’or 2024. A Cannes, Thibaut Demeyer et Brigitte Lepage.
Pour retrouver une Palme d’or iranienne, il faut remonter jusqu’en 1997 avec Abbas Kiarostami et « Le goût de la cerise ». Il était ex-aequo avec « L’anguille » de Shohei Immamura. Si le choix du jury rejoint le coup de cœur de la presse, Mohammad Rasoulof serait alors le second réalisateur à obtenir la récompense suprême. Un prix amplement mérité mais Cannes a tellement l’habitude de nous prendre à contrepied que nous attendrons le Palmarès, prévu ce samedi soir, pour nous réjouir.
Fait rare à Cannes, le réalisateur iranien dissident et condamné à 5 ans de prison dans son pays pour « collusion contre la sécurité nationale », a été applaudi lors de son entrée en salle avant la projection de son film. Il le sera d’autant plus à l’issue de la projection et même pendant le film. Son passage sur le tapis rouge a également été remarqué car il a brandi la photo de ses deux acteurs principaux Missagh Zareh et Soheila Golestani retenus en Iran.
Alors oui, « Les graines du figuier sauvage », qui est une œuvre politique, est un symbole pour la liberté d’expression et mérite tout autant sa place à Cannes. Et ce n’est pas la première fois que Cannes propose des œuvres politiques. Souvenez-vous de « Missing » Palme d’or en 1982 et ex-aequo avec « Yol » ou même le plus flagrant « Fahrenheit 9/11 » en 2004.
« Les graines du figuier sauvage » raconte l’histoire d’une famille iranienne dont le papa vient d’être promu juge d’instruction au tribunal révolutionnaire de Téhéran. Une promotion qui permettra à la famille de vivre mieux et surtout d’obtenir un logement de fonction avec une chambre pour chacune des deux filles en pleine adolescence. Mais pour cela, il y aura des sacrifices à faire d’autant plus que cette histoire tombe en pleine manifestations populaires iraniennes et que les filles d’Iman se sentent concernées.
Il est évident que ce film possède tous les éléments pour être une belle Palme d’or : il dénonce le patriarcat, les régimes qui instaurent la terreur, l’émancipation des femmes, la place de Dieu, les mensonges médiatiques, le pouvoir des réseaux sociaux et la culpabilité. Quant à la fin, celle-ci est aussi forte que les messages délivrés durant le film car celui-ci se termine par une symbolique très forte même si cette dernière scène est tirée un peu en longueur.
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