Avec la périménopause vient le temps de faire la paix avec notre vécu procréatif !
Dans cette deuxième partie de l’article, m’appuyant sur mon expérience professionnelle, j’évoquerai également le cas des hommes bien évidemment concernés, eux aussi, par la procréation. Je proposerai une solution simple que j’ai expérimentée depuis vingt ans en l’adaptant au contexte vécu par chaque personne traitée. Elle a été validée grâce aux nombreux retours positifs qui m’ont été fait.
Je ne citerai qu’un seul exemple de consultation, par esprit de synthèse, pour illustrer mon propos.
Tout d’abord rappelons les quatre phases que j’ai mentionnées pour caractériser l’arrivée au monde d’un enfant :
- La première phase est “la conception”, elle caractérise la rencontre de deux géniteurs potentiels qui créent une relation idéalisée avec un enfant virtuel,
- La deuxième phase est “la fécondation”, elle caractérise la rencontre entre les gamètes de ces deux géniteurs matérialisant ainsi l’enfant en devenir,
- La troisième phase est “la gestation”, elle caractérise le développement de l’enfant en étroite relation de dépendance avec sa génitrice,
- La quatrième phase est “l’accouchement/naissance”, elle caractérise la rencontre de l’enfant avec le monde. Cette phase est conclue par le sectionnement du cordon ombilical qui impose la prise d’autonomie pour l’enfant et officialise son individuation.
Cette interaction à trois crée une relation intemporelle donc définitive. Qu’on en ait conscience ou pas cette relation est corrélée avec toutes les conséquences qu’elle induit. Et ceci dès la phase de conception ! Chacun est alors marqué du sceau de ce “pacte procréatif” comme tatoué à vie, voire au-delà, comme nous pouvons le constater dans certaines problématiques transgénérationnelles. Cette interaction crée un système complexe de relations qui doit trouver sa cohérence pour être viable à long terme.
Ces différentes phases peuvent présenter des difficultés qui leurs sont propres. Elles doivent être gérées avec le plus grand soin pour le bien-être et la santé des participants. Citons, pour exemples et sous la forme d’un catalogue, quelques une de ces problématiques. Cette liste n’est bien sûr pas exhaustive et chaque événement peut être vécu selon de multiples variantes en fonction de l’histoire de vie de chacun.
(1) Difficultés inhérentes à la phase de conception qu’elle soit suivie d’une phase de fécondation ou non
► Une seule des deux personnes souhaite avoir un enfant,
► Le couple ne veut pas d’enfant ou le couple est réputé infertile,
► Un des deux souhaite une fille et l’autre un garçon,
► La phase de conception n’a pas été consciente,
► La grossesse pour autrui (GPA). Ici nous avons affaire à une conception à quatre au minimum,
► La conception consciente ou non d’un enfant dit de ‘’remplacement’’ d’un enfant ou d’une personne décédée précédemment, par exemple,
► Etc.
(2) Difficultés inhérentes à la phase de fécondation qu’elle soit suivie d’une phase de gestation ou non
► Le recours à la fécondation in vitro (FIV) avec une question corrélée : Quel statut, au sein du couple, pour les embryons implantés non développés ou non implantés et congelés ?
► Le recours aux traitements hormonaux,
► La fécondation à la suite d’un viol,
► La fécondation à la suite d’une défaillance de la contraception,
► Etc.
(3) Difficultés inhérentes à la phase de gestation qu’elle soit suivie d’une naissance viable ou non
► Un arrêt spontané de la gestation (fausse couche, enfant “mort né”) ou provoqué (IVG),
► Une grossesse multiple non connue ou non souhaitée ou pour laquelle certains embryons n’arrivent pas à terme,
► Une problématique congénitale,
► Une mésentente conjugale voire séparation des parents pendant la gestation,
► Une mésentente dans le clan familial élargi à propos de la grossesse en cours,
► Un déni de grossesse,
► La GPA,
► Etc.
(4) Difficultés inhérentes à la phase de l’accouchement/naissance
► Un accouchement prématuré, déclenché, trop rapide ou trop lent,
► Un problème avec le cordon ombilical,
► Le recours à des aides mécaniques (forceps, ventouses),
► Un accouchement par césarienne,
► Etc.
Bien sûr, la façon dont ces situations délicates sont gérées, induira des conséquences plus ou moins bruyantes en fonction des circonstances de la vie des femmes ou des hommes concernés et ceci bien avant la périménopause ou l’andropause.
Parlons maintenant des hommes. Les pathologies de la prostate, les troubles érectiles, les troubles de la libido, la dépression sont les symptômes le plus souvent associés à une gestion incomplète de ces événements. Je les renvoie au même conseil que pour les femmes. Je l’exposerai plus bas.
De plus et en ce qui concerne les femmes, j’ai constaté que certain facteurs viennent les perturber grandement au moment de leur périménopause naturelle. J’en ai relevé deux principaux :
- le premier correspond aux patientes ayant subit une hystérectomie avec ou sans ovariectomie avant leur périménopause et ceci quelles qu’en soient les raisons,
- le deuxième étant celui des femmes qui “bénéficient” d’une contraception ou d’un traitement supprimant les menstruations.
Dans ces deux cas, la personne se trouve en déficit chronique de repères physiologiques et spatiotemporels l’informant de la survenue de sa périménopause. Cet état altéré de la physiologie naturelle de son corps, donc de la conscience qu’elle en a, complique le travail implicite à la périménopause, celui qui correspond à “se mettre en paix avec son vécu procréatif”.
La solution habituelle des désordres liés à la périménopause est un traitement hormonal de substitution (THS) qui a ses avantages, bien sûr, mais aussi ses inconvénients bien répertoriés aujourd’hui dans la littérature médicale. Les techniques complémentaires apportent toutes une aide précieuse à hauteur de ce qu’elles savent faire.
De mon point de vue et au fil du temps, j’ai acquis la conviction qu’accompagner les femmes à ce moment important de leur vie par une réflexion orientée vers leur vécu relatif à la procréation était primordial voire non remplaçable par toute autre thérapeutique.
Cet accompagnement vise à aider ces femmes (ou ces hommes) à prendre conscience qu’un enfant simplement souhaité, et a fortiori fécondé avec une gestation interrompue, a existé. Cette existence, soit virtuelle soit réelle, a induit une relation intemporelle donc actualisée en permanence par le corps.
De ce fait, l’enfant en question doit bénéficier d’une place dans la vie de ses parents autre que celle qui conduit à la souffrance liée à une séparation trop précoce voire inconsciente.
Le remède le plus efficient est de nommer ces enfants, de leurs donner un prénom et un nom. Cet acte symbolique est destiné à authentifier leurs existences et possède les vertus d’une inscription au registre d’état civil et bien mieux encore, d’une déclaration d’amour.
Cette prise de conscience modifiera profondément la RELATION mère-enfant ou père-enfant. Chacun trouvera ses modalités personnelles pour entretenir cette relation et pour la vivre au bénéfice d’une meilleure santé.
Le résultat est garanti et survient le plus souvent très rapidement, en quelques semaines seulement, ces femmes et ces hommes retrouvant joie et motivation de vivre et ne tardant jamais à le manifester.
Question : Faut-il impliquer l’autre parent dans le travail proposé plus haut ?
Je conseille d’associer l’autre parent à la démarche quand il est présent lors de la consultation. Je propose de laisser libre choix à la patiente quand elle vient seule. Il est même un cas où j’ai proposé à un couple de faire ce travail en commun alors que l’homme n’était pas le père de l’enfant considéré. Tout est possible, il suffit seulement de décider en praticien responsable, respectueux, bienveillant et à l’écoute de son patient, de ce qui pourrait lui être le plus profitable.
Je pourrais vous relater des dizaines d’exemples aussi divers que variés mais j’en ai choisi un seul. Il est intéressant car il concerne un couple uni depuis trente années et que ces deux personnes souffraient du même mal sans le savoir.
Exemple : j’ai choisi celui d’un couple uni depuis 30 ans. Ils souffraient ensemble du même mal sans le savoir.
Madame B, 52 ans, demande un rendez-vous parce qu’elle fait des crises d’une toux sèche plusieurs fois par jour, surtout le soir au coucher, depuis deux années et ne cédant à aucun traitement médicamenteux. Elle me demande si elle peut venir accompagnée de son mari, je réponds « Bien sûr ».
Le jour de la consultation, tout en travaillant, je m’aperçois que Monsieur B tousse également juste après que Madame B ait elle-même toussé. Comme s’il lui répondait. Comme s’il s’agissait d’une forme de dialogue ou d’une ponctuation à la proposition de sa femme.
Je soigne Madame B et conclu à un trouble lié à sa préménopause (période qui prépare la ménopause). Je pose la question au sujet de la perte d’un enfant ? La réponse est positive. Il s’agit d’un avortement réalisé avant le mariage des époux B, Monsieur B étant le père de l’enfant en question.
En plus des soins prodigués à Madame B, je propose au couple de s’offrir une soirée au restaurant “en amoureux” pour créer une ambiance positive. Je leur propose également, avec la conviction d’une prescription, de nommer cet enfant qu’ils avaient intuitivement et immédiatement envisagé comme étant un garçon. Je leur propose également d’imaginer leur famille aujourd’hui avec lui, ce qu’ils auraient pu vivre ensemble, etc. et enfin de lui dire simplement “au revoir”.
Quelques jours plus tard Madame B ne toussait plus, Monsieur B non plus ! Je les croise de temps en temps, ils vont bien.
En conclusion : la conception, la fécondation, la gestation, la naissance d’un enfant sont des événements pouvant donner lieu à des conséquences multiples, joies et souffrances. Ils s’imposent à nous et doivent être correctement gérés ou alors ils réclameront leur solution au plus tard à la périménopause ou à l’andropause.
Une telle gestion, non aboutie de manière cohérente, reste engrammée quelque part dans le corps. Puis un jour, à l’occasion de l’annonce d’une grossesse ou d’une naissance chez un proche, par exemple, ou immanquablement lors de la périménopause ou de l’andropause, elle reprend vigueur et vient réclamer sa solution.
Cette solution repose sur la prise de conscience et l’acceptation de principes simples : dans tous les cas de figure, la relation mère-père-enfant a existé, qu’elle eut été virtuelle ou réelle. Elle s’est inscrite profondément en chacun. Cette relation est irréversible, on ne peut la supprimer, la dénier, la renier sous peine de souffrances inutiles.
On ne peut que l’accepter, la vivre pleinement en nommant cet enfant manquant pour l’authentifier et le personnifier. Cette relation enrichie avec de sentiments nouveaux évoluera, elle se transformera en une expérience de vie pleine et entière. Apaisé le corps abandonnera ses symptômes.
J’ai acquis la conviction que la périménopause ou l’andropause ne manque jamais de rappeler à chaque femme ou homme, blessé(e) dans sa chair de maman ou de papa, qu’il est l’heure de guérir afin de poursuivre sa vie apaisé(e) et ainsi de pouvoir s’ouvrir sur des possibilités créatrices non encore explorées.
- Auteur et rédacteur : Claude Mangeot
- Téléphone +33 6 07 64 88 43 et Courriel : claude.mangeot@free.fr
Publication : Éric Klein
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